Tant pis, il faut en faire son deuil : l'autorité n'est plus ce qu'elle était… Mais qu'était-elle au
juste ? Elle semble apparaître, à travers les discours de ceux qui pleurent sa disparition,
comme quelque chose de l'ordre d'un Age d'Or révolu, quand les enfants, les adolescents
étaient les élèves respectueux d'un ordre et de personnes, les enseignants, non contestés. Tous
les élèves ? Nous avons, les plus anciens, le souvenir précis de contre-exemples où des
perturbateurs faisaient voler en éclats cet ordre établi : il s'agissait souvent d'élèves en échec,
en rupture ou, au contraire, d'élèves des "beaux quartiers" qui contestaient, dans des
"monômes" par exemple, l'autoritarisme ou l'incompétence de leurs enseignants. Deux
attitudes qui se retrouvent multipliées aujourd'hui où la société, et l'école, ne peuvent plus
garantir une intégration satisfaisante à la majorité des enfants et des adolescents scolarisés.
Autre deuil : l'autorité "naturelle" est sans doute moins un don qu'une qualité qui se construit.
C'est peut-être décevant mais porteur d'espoir pour tous les jeunes enseignants qu'on "lâche"
dans des établissements où le métier est rendu très difficile, en leur conseillant tout
simplement de faire preuve d'autorité. La belle idée ! Et comment fait-on ? Eh bien cela
s'apprend. Et la formation, telle qu'elle existe aujourd'hui dans les IUFM, ne semble pas
prendre avec tout le sérieux et l'urgence que cela mérite cette dimension du métier 1. Le
résultat : des enseignants qui ne peuvent pas enseigner et des élèves qui ne peuvent pas
apprendre.
Cet article se veut une exploration de quelques pistes qui peuvent être travaillées avec de jeunes enseignants.