Depuis 2001, le paysage de l'enseignement-apprentissage des langues a été bouleversé par l'irruption du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). Issu de la réflexion d'une commission d'experts au niveau du Conseil de l'Europe, le CECRL est devenu un incontournable au niveau institutionnel puisqu'il apparaît cité dans tous les documents officiels. Il offre une définition des objectifs pour les différentes étapes de l'apprentissage et des éléments de comparaison en ce qui concerne les dispositifs d'évaluation. Il est de plus en plus utilisé pour la réorganisation et l'harmonisation des curricula en langue, au niveau scolaire, en Europe.
Le CECR se situe nettement dans une perspective actionnelle qui se présente en rupture par rapport à l'approche communicative. Christian Puren parle d'un "nouvel objectif social de référence". On passe du concept d'interaction de l'approche communicative à celui de co-action —"qui est un agir avec les autres"— et de celui d'interculturalité à celui de co-culturalité —"désignant les phénomènes d'élaboration d'une culture commune par et pour l'action collective" —.
Voilà de quoi nous réjouir au Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN) où les questions de l'action, de la coopération et du projet sont au centre de nos préoccupations et de nos démarches car nous portons la problématique de l'action dans la langue, dans notre héritage même. Jean Piaget et Henri Wallon ont été membres tous deux du GFEN, Piaget, secrétaire national, et Wallon en a même été le président de 1946 à 1962. Ces apports conséquents de Piaget et de Wallon, entre autres, ont nourri notre réflexion depuis une cinquantaine d'années et nous ont permis de construire des ateliers et démarches en langues dans une perspective actionnelle, bien avant les prescriptions officielles.
