L'évaluation sommative. Le contrôle. Une proposition : le scénario d'évaluation

In GFEN (2010). 25 pratiques pour enseigner les langues. Lyon : Chronique sociale (pp. 287-298)

Les instruments de contrôle utilisables dans l'évaluation sommative ne manquent pas. L'enseignant dispose de toute une gamme de procédures allant des exercices fermés — mettre une croix ou un chiffre face à la réponse attendue — aux exercices ouverts comme la synthèse, la dissertation ou le texte de création. Christine Tagliante , dans un tableau de classement des outils disponibles en matière d'évaluation, montre comment les premiers aboutissent à des réponses sans ambiguïtés et permettent de mesurer des objectifs simples de niveau inférieur, tandis que les seconds admettent plusieurs possibilités et correspondent à des objectifs complexes de rang supérieur . Ces qualificatifs — simple/complexe, inférieur/supérieur — établissent forcément une hiérarchie qui a longtemps disqualifié les premiers outils et privilégié les seconds, dans l'idée que seules les activités d'expression pouvaient rendre compte du niveau acquis par l'élève. L'évaluateur se trouvait ainsi écartelé entre deux choix : celui des exercices fermés, rapidement corrigés et garantissant un résultat "objectif" ou celui des exercices ouverts, plus longs à apprécier et ouvrant la porte à la subjectivité du correcteur.

L'introduction de la notion d'activités langagières a permis de dépasser ce clivage en permettant d'utiliser toute la gamme de ces instruments, à condition de les articuler, de les intégrer dans un scénario d'évaluation qui les utilise de façon différenciée, selon l'activité à évaluer. C'est ainsi que les exercices fermés conviennent davantage aux activités de compréhension parce qu'ils ne font pas intervenir la production, et que les activités de production ne peuvent s'évaluer que dans des tâches ouvertes aboutissant à des objets de type social : lettre, synthèse, rapport, etc. D'autre part, la notion de scénario permet d'articuler les différentes activités : les tâches ne sont plus indépendantes, juxtaposées, mais intégrées dans un scénario qui propose un cheminement depuis la compréhension jusqu'à la production, la compréhension des documents proposés venant nourrir la production demandée, aussi bien à l'écrit qu'à l'oral.

Le scénario d'évaluation est un outil complexe qui permet de contrôler les différentes activités langagières à travers des tâches diversifiées qui rendent compte de ce que les élèves savent faire, dans le cadre d'un projet débouchant sur des productions d'ordre social. Il offre l'avantage de cerner de façon plus rigoureuse les compétences mises en œuvre et d'être beaucoup plus mobilisateur parce que, inscrivant les tâches à accomplir dans un projet global, les élèves sont portés par le sens de l'activité et y mettent eux-mêmes un sens qui permet de dépasser le simple exercice scolaire, même en situation d'évaluation. En revanche, parce qu'il s'agit d'un outil complexe, il demande de la part de l'enseignant une élaboration plus importante et rigoureuse que les tests plus "classiques". Il faut, en effet, concevoir un outil dans lequel l'élève va mettre à l'épreuve ses connaissances et compétences dans un cadre suffisamment balisé, construit pour pouvoir enchaîner les tâches sans intervention de l'enseignant, et aboutir aux deux réalisations finales, à l'écrit et à l'oral, dans le temps imparti. Il va sans dire que l'élève doit être entraîné en amont, dans les situations d'apprentissage vécues pendant l'année, à se trouver confronté à des tâches complexes et articulées en vue de fournir les ressources nécessaires à l'aboutissement visé.

Voici une proposition de scénario d'évaluation proposé pour le niveau B1, que nous allons tenter de commenter au fur et à mesure pour en éclaircir les étapes et les enjeux.

Auteurs: 
Maria-Alice Médioni
Rubriques: