La formation de délégués-élèves

J’ai été chargée, avec d’autres collègues, au Lycée Jacques Brel de Vénissieux, de mettre en place des animations en vue de former les délégués-élèves. Cette fonction, traditionnelle et obligatoire (on ne conçoit pas de classe sans délégués), présente de nombreuses difficultés et les élèves, soit la boudent, par peur des risques encourus, soit s’y précipitent, par désir d’exercer un pouvoir auquel ils ne pourraient prétendre sans cela.

Cette fonction institutionnalisée a pour but de développer la responsabilité et la citoyenneté et de faciliter l'exercice des droits des élèves. Dans la réalité, les élèves perçoivent assez peu l'importance des pouvoirs qu'ils peuvent prendre sur leur vie de collégien ou de lycéen, même à travers le conseil des délégués institué en 1990. Leur préoccupation reste très attachée à leur participation au conseil de classe, lieu où se joue, à leurs yeux, leur avenir.

On pourrait s'interroger sur les motifs d'une telle volonté de l'Institution d'associer les élèves à la vie des établissements. Les textes sont explicites sur ce point : "L'expérience montre que chaque fois que les délégués des élèves ont pris conscience de leurs responsabilités et du rôle qu'ils pouvaient jouer, il en est résulté une transformation positive à la fois du climat et de la nature des relations au sein de la communauté scolaire". Ce serait très intéressant si, en même temps, on ne posait pas tant de limites au sein des établissements à l'exercice de ces droits reconnus par l'Institution. Sinon, ce n'est qu'une nouvelle façon de "pacifier" les établissements.

Or si cette fonction, difficile, est un jalon important dans la construction de la citoyenneté, elle engage aussi bien celui qui l’exerce que ceux qui la lui confient (les adultes de la communauté éducative comme les camarades de la classe qui élisent les délégués). Ce qui m'a poussé à m'engager dans cette action c'est que, pour moi, elle peut être une occasion intéressante de réfléchir ensemble aux notions d’engagement, de responsabilité mais aussi de travail sur les savoirs et d’action sur son environnement, sur le monde. C’est pourquoi, il m’a semblé nécessaire de proposer des animations, outils du GFEN, portant à la fois sur l’élection des délégués et sur leur formation.

Auteurs: 
Maria-Alice Médioni