Ser et estar. Construire la notion de choix de l'énonciateur

In MEDIONI M.-A. (2011). Enseigner la grammaire et le vocabulaire en langues. Lyon : Chronique sociale (pp. 192-201

Pour les élèves le choix entre ser et estar présente un réel problème . En français, il n'existe qu'un signe, "être" alors qu'en espagnol, il en existe deux, puisque cette langue semble disposer d'un "raffinement de vision supplémentaire" . Véritable casse-tête quand il s'agit de choisir entre les deux, surtout lorsqu'on rencontre des emplois où tous deux sont compatibles. C'est donc certainement sur ce degré de complexité supérieure qu'il faut travailler avec les élèves, en les invitant à prendre le risque de perdre leurs repères habituels — hérités du français ou construits trop rapidement, de façon simplificatrice— pour s'en créer de nouveaux et pouvoir savourer toute l'étendue des possibilités offertes par ces deux verbes.

La première difficulté rencontrée avec des élèves qui ont "théorisé" un peu vite l'emploi de ces deux verbes, par le recours aux règles présentées dans les manuels, c'est de faire dépasser la classification "permanent" et "non-permanent" — ou "accidentel"— à cause du manque de définition de ces termes et du grand nombre de contre-exemples . Malgré les problèmes causés par ces catégories simplificatrices, ces règles "bien pratiques" perdurent dans les manuels, à quelques exceptions près.

C'est un travail qu'on ne peut pas faire très tôt avec les élèves. Il faut qu'ils aient rencontré de nombreux emplois de l'un et de l'autre verbe, qu'ils les aient manipulés, employés à l’oral et à l’écrit, à maintes reprises. Cela peut se faire après plusieurs semaines de cours avec des apprenants de A1, lorsqu’ils ont déjà manifesté une curiosité assez forte envers cette question, ou avec des élèves de niveaux plus avancés lorsque, las de se heurter toujours aux mêmes difficultés, ils demandent des éclaircissement à ce propos.

Auteurs: 
Maria-Alice Médioni
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