Article repris de GFEN (2009). 25 pratiques pour enseigner les langues. Lyon : Chronique sociale (pp. 56-60)
Nous vivrions, à ce qu'il paraît, dans une culture de l'évaluation, les enseignants en premier lieu qui avons été longtemps élèves puis étudiants et sommes encore notés par notre chef d'établissement et notre inspecteur. Le reste de la société n'échappe pas davantage à cette préoccupation, obsession diront certains, mais l'École en "bénéficie" tout particulièrement. L'évaluation pourrait-on penser est une activité très pratiquée surtout en France : les stages sur ce thème se multiplient, les directives ministérielles pleuvent, les établissement sont classés, les enseignants sont notés et seront bientôt payés au mérite, s'ils n'y prennent pas garde, les élèves, bien sûr, y sont soumis constamment. En tout cas, dans une conception assez restrictive de l'évaluation, celle qui privilégie la notation, le contrôle, le classement. La pédagogie serait à abandonner et c'est l'évaluation qui devrait piloter maintenant le système éducatif, impliquant une mise en concurrence des établissements et les excès des tests d'évaluation dénoncés pourtant à l'étranger .
On ne peut s'empêcher toutefois de se poser quelques questions et même de relever certaines contradictions : comment se fait-il que la validité des notes, par exemple, soit remise en question constamment, que tout le monde soit insatisfait et que, pourtant, l'on continue imperturbablement à en mettre ? Comment se fait-il que l'on évalue tous les aspects du système à tour de bras et que l'échec continue, que les écarts se creusent, que personne n'est satisfait de cette École,
• ni les autorités dont il faudrait analyser le discours négatif qui discrédite sans arrêt le travail des enseignants sans proposer d'alternatives positives et audacieuses ;
• ni les enseignants qui, si l'on en croit les sondages, vivent dans l'insatisfaction et croient de moins en moins pouvoir peser sur leur devenir ;
• ni les parents qui, soit vivent douloureusement l'échec de leur enfant, soit, parce qu'ils sont dans une course effrénée de recherche de réussite pour leur progéniture, cèdent très facilement au chant des sirènes médiatiques qui parent l'École de tous les maux ;
• ni les élèves qui, majoritairement, disent s'ennuyer en classe et qui ne trouvent pas de sens à ce qu'ils y font : "Dîtes, m'dame (ou m'sieur), à quoi ça sert l'anglais ou l'espagnol ou…".
Alors, que penser de tout ce battage autour de l'évaluation ? Sans doute faut-il commencer par lever un certain nombre de flous et d'ambiguïtés sur la notation, sur la pratique du contrôle, sur la notion d'erreur, etc. Et, bien évidemment, sur la fonction de l'évaluation, sanction ou aide pour ceux qui apprennent et enseignent.