In GFEN (2001). Repères pour une Education nouvelle. Enseigner et se former. Lyon : Chronique sociale (pp. 70-75)
La liberté est une revendication si fréquente chez les enseignants, qu'elle soit explicite ou apparaisse en filigrane dans les discours entendus çà et là, qu'elle ne peut manquer de nous interroger. Comment est définie cette liberté pédagogique ? Signifie-t-elle la négation d'un quelconque droit de regard sur ce qui se passe dans les classes ? Que l'enseignant refuse d'être ligoté par les contraintes de l'institution ?
Toute organisation sociale engendre un système de contraintes qui s'exercent sur l'individu qui en fait partie. L'enseignant est investi d'une mission, celle de faire apprendre, mais aussi soumis à des contraintes fortes, souvent invoquées pour dénoncer les rigidités et les freins à l'initiative personnelle, voire même pour justifier un certain immobilisme dans les pratiques. Ces normes ou pratiques socialement sanctionnées ont valeur officielle, légale mais sont, d'ordinaire, assez mal vécues y compris lorsqu'il s'agit de l'institution scolaire : programmes, examens, gestion du temps, effectifs, inspections… A cela s'ajoutent les pressions exercées par les attentes des uns et des autres : récriminations des élèves et des parents d'élèves, habitudes de travail au sein de l'établissement…
Alors, comment et où exercer sa liberté dans un cadre souvent ressenti comme un carcan ? Quels modes d'actions concrets devraient permettre d'entrer en dialogue avec ces contraintes, voire d'en faire un levier pour agir sur le réel ?…