Quel est l'intérêt d'un voyage scolaire ? Certainement d'offrir une situation différente de celle de la classe et susceptible de contribuer, de façon autre, aux apprentissages scolaires, tant sur le plan culturel que linguistique. Il s'agit donc pour l'enseignant d'organiser au mieux le temps du déplacement dans l'espace culturel qui correspond à la langue étudiée et d'exploiter les différentes situations linguistiques et culturelles que les élèves vont pouvoir rencontrer.
Le recours au voyage scolaire dans l'enseignement des LVE (Langues Vivantes Étrangères) commence à la fin du XIXème siècle. Ce mouvement n'a cessé de prendre de l'ampleur et le voyage scolaire est aujourd'hui florissant à tel point qu'il bénéficie même depuis peu d'un « Salon des séjours linguistiques et des voyages scolaires » .
Mais sous l'appellation « voyage scolaire », se retrouvent différentes formes allant du « séjour » — souvent qualifié de linguistique — qui implique une certaine durée et pour lequel les enseignants vont, la plupart du temps faire appel à un prestataire extérieur à l'école, à la « sortie » plus limitée dans le temps, et qui suppose une certaine proximité géographique — l'Angleterre pour les gens du Nord de la France ou l'Espagne pour ceux du Sud —, en passant par
l'« échange » qui renvoie à un projet entre établissements scolaires ou dans le cadre d'un jumelage entre deux villes, par exemple, ou encore un partenariat. Ces diverses formes qui mobilisent les différents acteurs de façon singulière aussi bien sur le plan de la durée que sur celui de l'investissement, permettent-elles d'atteindre les objectifs annoncés en termes d'apprentissages, et à quelles conditions ?
Force est de constater que ces objectifs ne se retrouvent pas forcément dans les pratiques sur le terrain et il me semble intéressant ici d'analyser les obstacles qui contribuent à dénaturer — au sens de "changer la nature de" — ce type de projet et de tenter de proposer quelques alternatives possibles.