In MEDIONI M.-A. (2005). L'art et la littérature en classe d'espagnol. Lyon : Chronique sociale (pp. 137-155)
Le Musée Picasso de Paris est un lieu dont l'enseignant d'espagnol peut programmer facilement la visite avec ses élèves. Facile d'accès, situé dans un lieu magnifique, il réunit suffisamment d'œuvres de l'artiste pour que l'on puisse avoir une vision assez précise de sa production, de ses différentes époques, de sa biographie, des ses goûts et centres d'intérêt. La tentation est grande d'y emmener un groupe d'élèves et de les inscrire à une visite guidée, par ailleurs fort intéressante. Mais l'expérience peut s'avérer douloureuse car le musée est vaste, la production énorme et les visites guidées lassent rapidement un bon nombre d'élèves. Par ailleurs, aujourd'hui, les musées proposent des fascicules fort bien faits qui facilitent la visite, mais qui ne répondent pas forcément à la préoccupation de l'enseignant.
La proposition qui suit est une expérience qui s'est déroulée en classe de 3ème de collège, dans le cadre d'un projet interdisciplinaire et peut s'apparenter à ce que sont aujourd'hui les itinéraires de découverte.
Avant la visite, travail en classe sur Picasso, mais aussi Dalí et leurs relations avec Paul Eluard, à travers des ateliers d'écriture et de création et un travail sur la Guerre d'Espagne, la Résistance et les poètes qui ont écrit sur ces événements-là.
Après la visite, les élèves confrontent leurs impressions, leurs réactions et leurs découvertes en groupe. Ils ont pour consigne de faire une affiche qui rende compte de tout cela et qui pointe les interrogations qui persistent. Le travail final peut être l'écriture d'un texte où chacun est invité à dire ce qu'il a personnellement appris.
La visite-exploration, préparée avec l'aide d'une collègue de français, artiste peintre par ailleurs, peut être proposée en français, dans le cadre d'un projet élargi, interdisciplinaire, ou en espagnol. Il s'agit d'accompagner le regard sans guider totalement l'observation, grâce à de brèves annotations ou inductions légères qui permettent aux élèves de s'attarder sur une œuvre sans que l'œil ne glisse trop rapidement dessus, déçu de n'être accroché par rien de signifiant pour lui ou rebuté par une audace trop nouvelle et par là-même agressive.