Don Quijote de la Mancha (Miguel de Cervantes)

In MEDIONI M.-A. (2005). L'art et la littérature en classe d'espagnol. Lyon : Chronique sociale (pp. 42-50)

Tout comme Picasso, Cervantes est incontournable. El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha est certainement un des textes les plus publiés et traduits au monde après la Bible. Ne pas le faire rencontrer de temps à autre à nos élèves n'est pas concevable. Pourtant, souvent, nombre d'enseignants craignent d'aborder un tel monument dans des classes qu'on considère comme "faibles", peu "aptes" à entrer dans un texte difficile, dont la langue risque de les décourager.

On pourrait se demander pourquoi travailler sur Don Quichotte, ce vieux mythe datant du XVII° siècle, si ce n'est parce que ce personnage nous renvoie — nous et nos élèves — à des questions qui sont loin d'être désuètes et qui concerne tout un chacun aujourd'hui. Ce vieux fou qui se lance sur les traces des chevaliers errants est un utopiste : il rêve d'un monde où les valeurs dominantes seraient la liberté , la dignité, la fraternité, la solidarité . Il rêve d'un monde impossible où règnerait la justice et se met en campagne pour défendre les faibles et les opprimés.

Entre rêver un impossible rêve et rêver la possibilité d'un autre monde, il n'y a qu'un pas que don Quichotte nous invite à franchir. Mais don Quichotte ne se contente pas de rêver, il agit, pour transformer ce monde insupportable qui l'entoure, où il étouffe, et qui plus est, sa "folie" devient contagieuse : il finit par imposer la force de sa conviction à une partie de ceux qui vivent sans rêve et sans ambition . Et lorsqu'il rentre chez lui, son élan brisé par une réalité qui s'est imposée de façon trop cruelle, il retrouve enfin sa lucidité, mais pour mourir. Car l'homme sans rêves est une outre vide… Calderón de la Barca, à peu près à la même époque, nous dit que la vie est un songe. Cervantes affirme avec don Quichotte que le rêve, c'est la vie.

Le défi de don Quichotte, c'est le défi qui peut être lancé dans le contexte scolaire aussi : s'embarquer dans une "folle" aventure. Il ne s'agit pas ici de s'attaquer à des moulins, mais à un texte difficile, celui de Cervantes, écrit dans une magnifique langue du XVII° siècle, avec des élèves de 1° technologique, pas particulièrement "littéraires".

Écrire pour aller lire , c'est le moyen choisi pour entrer dans ce formidable texte. Écrire le texte d'un spectacle qui sera une adaptation de l'œuvre de Cervantes ou réaliser un dossier et une exposition pour (se)faire connaître cette formidable œuvre.

Auteurs: 
Maria-Alice Médioni