Las Meninas (Diego de Velázquez)

In MEDIONI M.-A. (2005). L'art et la littérature en classe d'espagnol. Lyon : Chronique sociale (pp. 99-111)

Cet atelier a été créé pour des lycéens de 1ère, hispanistes, dans le but de travailler sur un monument de la peinture espagnole, Les Ménines, et pour en finir avec le sempiternel commentaire de tableau, tel qu’on le pratique la plupart du temps en classe — descriptif avant tout, avec un essai d’interprétation à la fin, parsemé de formules stéréotypées qui sont censées aider l’expression —. Il a été retravaillé, toujours en langue espagnole pour des adultes, enseignants d’espagnol, dans un stage en Institution et également en français dans le cadre de stages ou d'Universités d'Eté.

Les Ménines de Vélasquez… Comment nous “parle” aujourd’hui une telle oeuvre ? Quelles sont les réactions que des jeunes ou des moins jeunes peuvent éprouver face à ce tableau : admiration, fascination, indifférence ? Comment les dépasser ou en comprendre les raisons ? Comment en “percer le mystère”, non pas pour avoir la “réponse”, mais pour comprendre comment fonctionne ce qu’on a reconnu comme un chef-d’oeuvre, et au-delà, apprendre à regarder autrement ?

Il s’agit ici de se construire des outils pour lire une oeuvre dans sa complexité, de s’aiguiser le regard et de transformer par conséquent le rapport qu’on peut avoir à l’art. On dit trop souvent que l’Art est une émotion. Mais combien de gens — nous-mêmes aussi parfois — sont passés au pas de course à travers les salles d’un musée, sans ressentir la moindre émotion, ou bien combien de fois se sont-ils penchés sur la plaque portant le nom de l’artiste pour s’autoriser à prendre du recul et regarder enfin. Regarder quoi ? On ne sait pas bien. Et d’émotion, toujours point. C’est donc quelque chose réservé aux gens sensibles ? C’est le pari du "Tous capables" qui a été également à l’origine de ce travail.

Cet atelier est donc une invitation à parcourir l’espace du tableau à plusieurs voix (voies) et à confronter différents points de vue, pour faire émerger la multiplicité des regards et des sens. En même temps, pour moi, professeur d’espagnol, c’est l’occasion de faire produire de la langue autrement que dans le commentaire de tableau, mais à partir des productions de ceux-là mêmes qui sont en train de se construire le sens, les sens de l’oeuvre.

Auteurs: 
Maria-Alice Médioni
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