In MEDIONI M.-A. (2011). Enseigner la grammaire et le vocabulaire en langues. Lyon : Chronique sociale (pp. 213-223)
Cet atelier est né d’une expérience de "visite" que j’avais effectuée auprès d’une stagiaire PCL2 en 2001. La jeune collègue avait choisi ce jour-là de travailler sur un support disponible dans un manuel permettant de "voir" les prépositions. J’utilise à dessein ce verbe "voir" au lieu du verbe "travailler" car la proposition du manuel ne va guère au-delà de la rencontre avec un certain nombre de locutions.
Le cours auquel j’assiste ce jour-là consiste à inviter les élèves à ouvrir le livre à la page requise et à écouter les explications du professeur à propos d’un document représentant un lapin, tour à tour devant, derrière, sur, sous… un cartable. Au-dessous des dessins, la ou les prépositions correspondantes. Le travail demandé : répondre à la question, ¿Dónde está el conejo? [Où se trouve le lapin ?], ce qui ne suppose qu'une reprise de la structure proposée, telle quelle : el conejo está delante de la cartera [le lapin est devant le cartable], par exemple. Le piège de l’exercice mécanique, où la réflexion n’a guère de place, ne s’ouvre pas seulement devant les élèves mais aussi devant l’enseignant qui ne voit même plus qu'il y a une proposition fort discutable en numéro 5 : cette vignette représente, en effet, le lapin sur le cartable, accompagnée des prépositions en, sobre et encima. Si les deux dernières sont recevables — le lapin peut effectivement se trouver sur le cartable : sobre ou encima de [sur]— en, en revanche, est pour le moins contestable . La séance de cours observée se déroule alors de la façon suivante : chaque élève tour à tour produit un énoncé résultant d’un copier-coller rudimentaire, validé ou corrigé instantanément par l’enseignant, avec copie au tableau et recopiage sur le cahier, par les élèves.
A l’issue de cette expérience, j’ai proposé lors d’une réunion de travail du Secteur Langues du GFEN de nous y pencher pour tenter d’élaborer une mise en situation plus en adéquation avec une conception de la langue qui pose l’activité intellectuelle de l’élève comme centrale dans la construction des savoirs. Le travail réalisé a été publié en ligne en 2005 : notre préoccupation a été de créer une série de situations qui permettent de rencontrer les prépositions dans des contextes différents afin que les élèves puissent se familiariser, comprendre le sens de chacune d'elles et les utiliser de mieux en mieux. Cette situation a évolué au fil des animations que j'ai pu faire en contexte scolaire et en formation de formateurs. J’insisterai particulièrement ici sur la conduite de l’atelier.