In MEDIONI M.-A. (2011). Enseigner la grammaire et le vocabulaire en langues. Lyon : Chronique sociale (pp. 179-191)
Le conte est un genre qui se prête à la fois au travail sur l'oral comme sur l'écrit. Genre oral et populaire à l'origine, le conte est une histoire que l'on se raconte et qui évolue, se polit, s'enrichit au fil des récits qu'on en fait, au gré des conteurs successifs. Le conte devient par la suite un genre écrit à partir de la Renaissance au moment où des écrivains vont recueillir la tradition orale et folklorique dans des textes qui ne sont pas destinés qu'aux enfants. Les caractéristiques du genre ont été analysées par Wladimir Propp qui, en déterminant une typologie des structures narratives propres au conte russe, va définir 31 fonctions dont l’éloignement, la transgression, la médiation, la reconnaissance, la punition, etc. Greimas, de son côté, remanie les travaux de Propp en insistant sur les structures ou transformations actancielles .
Le conte est très utilisé en classe de LE puisqu'il permet de travailler l'oral, tout comme l'écrit, les champs lexicaux tout comme les temps du passé. On part du connu et de l'imaginaire et on peut créer, à l'infini, des histoires merveilleuses, édifiantes, drôles, etc.
L'atelier qui est proposé ici permet un va et vient entre activités orales et écrites, en prenant appui sur des situations sociales où le conte prend sa place : le récit oral que l'on se raconte au coin du feu — ou ailleurs —, le récit écrit donnant lieu à un recueil de contes, le conte raconté aux enfants à partir d'un album, le détournement, etc. Dans un premier temps, c'est la question du récit qui nous occupera, sa cohérence et sa cohésion que Michel Charolles définit ainsi :
"(…) tout le monde est à peu près d’accord pour opposer d’un côté la cohérence, qui a à voir avec l’interprétabilité des textes, et, de l’autre les marques de relation entre énoncés ou constituants d’énoncés. Concernant ces marques, depuis M.A.K. Halliday et R. Hasan (1976), on tend à les regrouper sous le nom générique de cohésion."
Puis, dans un deuxième temps, les productions seront utilisées comme matériau de travail pour un retour sur les temps du passé… et les autres.
Le matériau de départ est un tarot des contes, un jeu de cartes permettant d'inventer des contes à partir des "ingrédients" connus du genre : héros, obstacles, objets, lieux, etc. Il en existe de nombreux, dont le plus abouti, sur le plan de la créativité, est Le Tarot des mille et un contes, de Francis Debyser et Christian Estrade, malheureusement introuvable aujourd'hui. Dans le descriptif qui suit, j'ai utilisé celui d'une équipe d'école à Epinay sur Seine : destiné à des élèves de cycle 2, il peut tout à fait être utilisé avec un public plus divers, du niveau A2 au niveau C1, voire C2, du primaire à l'université, ou hors de l'école, en alphabétisation, par exemple. Les cartes proposées, si elles reprennent les incontournables du conte de fées — la princesse, le dragon, le pirate, etc. — ouvrent également sur des éléments plus "contemporains" comme le téléphone, les extraterrestres, le football, etc.
Cet atelier peut être précédé de celui bâti autour du poème de Juan Goytisolo, Erase una vez , pour introduire sur le conte ou bien d'une fresque effervescente qui permet de remobiliser à la fois du vocabulaire et des connaissances sur le genre littéraire du conte.